Les bonnes résolutions du début de l’année n’ont pas résisté au rythme parfois hypnotique de la vie. Comme un "chat" pris dans les phares d’une voiture, je suis resté figer. Mais il n’était pas question que le félin succombe à un destin tragique. Il était grand temps de reprendre la route du clavier pour écrire un nouvel article. Dans celui-ci, je voulais aborder le choix que j’ai entrepris de réaliser un court-métrage situer dans l’univers de Blade Runner. Et pourquoi avoir choisi une introduction au film de 1982 plutôt qu’une histoire originale.
Pour commencer, il y a la fascination que j’éprouve pour ce film. J’étais déjà en admiration devant la jaquette de la VHS lors des sorties du samedis soir au vidéo club (ça ne me rajeuni pas…). C’est lors d’une diffusion du film a la télévision (sur Antenne 2 si ma mémoire est bonne) ,ou je n’ai vu qu’un morceau de la fin du film, que mon cerveau a explosé. J’avais l’impression d’une fenêtre ouverte sur le futur. Pas d’un avenir styliser ou onirique, mais plutôt comme un documentaire. Je précise que le film était situé 37 ans dans le futur au moment de sa sortie (ce qui paraissait très, très loin). Nous avons depuis dépasser cette date de novembre 2019…
Chose encore plus troublante, c’est que dans mon esprit, je voyais le futur de la même manière (Je sais ce n’est pas très joyeux comme univers…). Étant plus jeune et doté d’une imagination débordante, je voyais souvent en surimpression de la réalité une ville futuriste semblable a Blade Runner lors de mes balades dans Paris. Aujourd’hui, la réalité dépasse parfois la fiction, mais je n’ai pas perdu mon imagination fort heureusement. Il ne me restait plus qu’a trouver le moyen de voir le film en entier cette fois. Et ce fut une deuxième claque. Il n’en fallait pas plus pour qu’il reste graver dans mon esprit.
La frustration est arrivée assez rapidement. Pour une raison assez simple. Il n’existait pour ainsi dire rien sur le film en dehors du livre de Philip K Dick. Qui est de plus très différent du film. Aucun moyen de se replonger dans cet univers foisonnant autrement que dans mon imagination. Il allait falloir attendre plusieurs années avant que je ne puisse acquérir le numéro de Cinefex qui lui était consacré (tout d’abord la version française (1990) et ensuite l’originale (1982)), ainsi que le livre Future Noir de Paul M. Sammon (1996). Et je ne parle même pas de la musique ou il faudrait un article entier pour comprendre ce qui a bien pu se passer à l’époque avec le score de Vangelis. Ce numéro de Cinefex est devenu mon livre de chevet. L’une de mes plus précieuse possession. Et c’est grâce à ce magazine que le cinéma et les effets spéciaux ont pris une telle importance dans ma vie. Je regrette infiniment sa disparition il y a quelques années de cela (Il est toujours possible d’acquérir les anciens numéros uniquement au format numérique sur Ipad). Ce qui est étrange, c’est que malgré le succès des livres consacrés a la fabrication d’anciens films comme Retour vers le futur, E.T, Alien et j’en passe… Blade Runner reste toujours un mystère et avare de produit dérivés.
C’est durant mes études d’art que j’ai pu dénicher sur internet plusieurs version du scenario de Blade Runner. Une m’a marqué plus que les autres. Déjà, elle n’avait pas le même nom. "Dangerous Days". Elle était aussi plus longue et beaucoup de ces nouvelles scènes n’avait pas résister aux coupes inerrantes a la création d’un film. Il est commun d’avoir plus de désir ou d’affection pour les choses que l’on ne possède pas ou que l’on ne peut pas voir. Et je n’échappe pas à cette règle. J’ai immédiatement visualisé dans mon esprit les nouvelles scènes. Je n’avais pas encore conscience que certains de ces passages avaient été jusqu’à une phase très avancer de conceptualisation. Notamment de la part de Syd Mead ou de Mentor Huebner. La nouvelle introduction du film cristallisait un grand nombre d’image que j’avais en tête. C’est la description du retour à Los Angeles de l’inspecteur Deckard après un voyage dans les régions nordiques de l’Alaska (un des rare endroit ou le climat est supportable, voir même agréable). Ce retour s’effectue en train de nuit dans une atmosphère calme et mystérieuse. Durant mes études j’avais déjà entrepris de travailler sur ce passage. Sans grand succès. Il y avait un écart trop grand entre les images produites par mon imagination et mes capacités artistiques. J’ai donc mis tout ça de côté.
C’est la réalisation d’une courte bande annonce (A voir ici) pour un ami auteur (Emmanuel Bourgoin) (Son site à visiter ici) qui m’a fait prendre conscience qu’il était peut-être temps de revenir sur cette séquence oublier de Blade Runner. Pas question de s’arrêter à faire quelques illustrations. Il s’agissait d’en faire un court-métrage d’animation. Je ne m’étais pas frotter à ce médium pour un projet aussi important et qui plus est seul. Pour ce qui est de la partie décors il n’y a pas trop de problème. J’ai une technique de dessin numérique qui est très proche de l’animation. Je dessine pratiquement toutes mes couches de calque en intégralité. Même ce qui n’apparaitra pas une fois l’image terminer. Comme si mon illustration attendait patiemment d’être animé pour prendre vie. J’avais aussi acquis des notions sur After Effects lors de différents projets. Il fallait que j’agglomère ces techniques et que je trouve le meilleur moyen de rendre le tout vivant et cohérent. Et ce, en assumant le fait que je ne suis pas un animateur (et que je ne le serais jamais… c’est la vie). Heureusement, ce morceau d’histoire ne comporte pas de défis majeurs en termes d’animation de personnage. Mais c’était sans compter sur ma petite contribution à cette histoire. En effet, après rédaction de plusieurs versions, je me suis retrouvé avec des séquences de flash-back concernant la partie des Réplicants qui ne sont pas mentionner dans la trame originale. Je trouvais intéressant de montrer les forces inexorables qui poussaient tous les protagonistes de l’histoire à se retrouver au même endroit au même moment. Une véritable tragédie. Et c’est notamment pour cette raison que la réalisation de ce petit film prend autant de temps.
Vous en savez un peu plus sur ce choix d’histoire et ce que représente Blade Runner pour moi. Je vous donne rendez-vous prochainement pour d’autres petites confidences sur la réalisation de ce court-métrage.
En attendant, portez-vous bien !
© Olivier Hirtz 2024